Éditorial

À propos de la dette publique

C’est Saint Louis qui, à l’ombre de son chêne, fut le premier à endetter la France. Philippe le Bel poursuivit, mais trouva une solution : il fit massacrer ses créanciers juifs et s’accapara la fortune des templiers, le pape était content et le trésor aussi !

Louis XIV, grâce à Colbert, engagea une politique de réduction des dépenses et institua des droits de douane aux frontières. Malheureusement les fastes de la Cour et les conflits incessants eurent tôt fait de regonfler la dette. À la mort de Louis XIV l’État doit dix années de ses recettes ! Les Louis qui suivirent crurent trouver une solution dans le système bancaire de M. Law, mais l’on édita tant de papiers monnaie que l’inflation fut a son comble et bon nombre de créanciers ruinés.

À la veille de la Révolution les recettes annuelles de l’État s’élèvent à 500 millions de livres, les dépenses à 630 millions et la dette à 4 milliards !
La République décréta la fin des privilèges, l’égalité devant l’impôt et confisqua les biens du clergé, enfin les caisses de l’État étaient renflouées.

Malheureusement les guerres aux frontières et les troubles à l’intérieur firent repartir les dépenses. En 1797 la dette était telle que le Directoire en annula purement et simplement les deux tiers, mais assura que le tiers restant serait payé « rubis sur l’ongle ».

Napoléon, grâce a une refonte du système bancaire, aux assignats et à un prélèvement sur les finances de nos voisins, a laissé une situation très seine.
Son neveu ou le sinistre Thiers furent moins heureux ; les guerres avec l’Allemagne coûtèrent des fortunes, sans compter qu’on avait pris la fâcheuse habitude de les perdre et qu’il fallait payer des dommages de guerre.
Mais ce qu’il y a de « bien » avec la guerre, c’est que la paix venue il faut reconstruire tout ce qu’on a cassé d’où la croissance qui permet de rembourser la dette.

Fin 1944 l’État français est endetté à 290 %, qu’importe ! Les trente années qui suivirent furent paraît-il glorieuses.

Aujourd’hui la situation est différente, l’État n’emprunte plus pour construire, il emprunte pour combler le manque de recettes.
Sarkozy a décidé que ses amis les riches devaient payer moins d’impôts. Donc pour combler le manque à gagner, on emprunte, à qui ? À ces mêmes riches qui du coup ont de l’argent disponible et le prêtent avec des intérêts. Et plus l’État emprunte et plus les intérêts montent et plus ils sont riches.

Mais pour payer ces intérêts, il faut trouver de l’argent quelque part. On ne va quand même pas redemander aux riches, comme dit le proverbe enfantin « donner c’est donner, reprendre c’est voler », alors on tape sur les pauvres on baisse les retraites, on ne finance plus la sécu, ni les hôpitaux ni l’école, on n’augmente pas les fonctionnaires, ni le smic, etc.
Et pour que les pauvres gobent l’affaire, on invente les agences de notation qui un jour nous disent « Vous avez AAA » (comme pour les andouillettes) dormez tranquille et qui le lendemain déclare « Vous n’avez plus que BBB : vite un plan d’austérité » (là, c’est nous qu’on prend pour des andouilles).
Autre ruse, on prend un pays, au hasard la Grèce, on y fait un plan très dur puis on dit aux autres « Attention si vous n’acceptez pas nos mesures d’austérité vous finirez comme les Grecs ».
On trouve même des riches, pour dire, nous aussi, on veut payer, un peu, on a gagné des milliards on veut bien payer des millions ! Mais attention faut arrêter l’impôt sur les grandes fortunes, faut nous vendre les services publics et faut pas augmenter les salaires. C’est beau la charité !
Puis pour faire bonne mesure, le Président, nous dit-on va mettre l’interdiction de s’endetter dans la Constitution comme ça c’est sûr, juré, on ne le fera plus. Nous voilà rassurés.

Quand on sait que c’est ce président qui a doublé la dette par les cadeaux faits aux riches on se dit qu’il propose une loi pour lui même afin de l’empêcher de faire des bêtises.

Dans ce cas, il y a plus simple il suffit de ne pas le réélire.

Jacques Aubert