Hommage

La mort d’Allende, 40 ans déjà

Le 11 septembre 1973 nous apprenions la mort du président Allende.

Ce jour-là un putsch de la junte présidée par le général Augusto Pinochet mettait fin, dans un bain de sang, à trois années d’une expérience sans précédent. Pour la bourgeoisie chilienne comme pour les dirigeants des États-Unis, l’expérience n’avait que trop duré, avant qu’il ne soit trop tard il fallait briser le rêve de Salvador Allende et de l’Unité populaire : une transition pacifique vers un socialisme démocratique.

Pendant ces trois années nous avions suivi l’expérience en cours au Chili où un président socialiste se revendiquant marxiste tentait d’imposer un changement de société tout en s’inscrivant dans un processus démocratique. Ce qui se passait au Chili avait figure d’exemple pour toutes les forces de progrès dans le monde entier. Pendant ces trois années, le Chili ce fut pour beaucoup l’espoir que la création d’un monde meilleur était possible dès maintenant.

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Détail d’un timbre de 6 kopecks édité en Union sociétique, 1973

À partir de ce 11 septembre 1973, nous allions devoir vivre avec les horreurs de la dictature. Chaque jour les témoignages affluaient sur l’ampleur de la répression, les réfugiés témoignaient du drame vécu par le peuple chilien. Plus de 40 000 militants de gauche vont être arrêtés torturés. On comptera des milliers de morts et de disparus.

Nul n’ignorait que la CIA et les États-Unis avaient piloté ce putsch et les premières mesures économiques prisent par les militaires firent la part belle aux capitaux privés et nord-américain ce qui ne laissât aucun doute sur la nature du coup d’État.

À l’espoir déçu allait dès lors se substituer une réalité : la transition démocratique vers le socialisme, si elle reste souhaitable, ne peut se dérouler sans que le peuple ait les moyens d’imposer sa volonté. À aucun moment, la bourgeoisie et le capitalisme international n’accepteront cette transition sans réagir.

Pour la bourgeoisie, la démocratie n’est acceptable que tant que ses privilèges ne sont pas remis en cause. Dans le cas contraire les beaux principes sont vite oubliés et les possédants n’hésiteront pas devant l’instauration d’un régime dictatorial si leurs intérêts l’exigent.

Cette leçon-là, l’histoire l’avait déjà donné ne serait-ce qu’en France avec la commune de Paris. Le Chili est venu nous en apporter la triste confirmation.

Les progressistes n’oublieront pas l’expérience chilienne. Pour autant cela ne remet pas en cause la volonté de voir un jour émerger une société meilleure dans le cadre d’un processus démocratique, il faut juste que nous ne perdions pas de vue la nécessité de la construction d’un rapport de force qui permette que la volonté du peuple soit respectée.

Jacques Aubert